« Les pompes funèbres en pic haut«

Face à une épidémie de grippe intense en Indre-et-Loire, les pompes funèbres font état d’un certain pic d’activité, sans pour autant être débordées. Le délai actuel est estimé à une dizaine de jours.
« On est sur un pic haut. » Ce premier mois de l’année 2025 est marqué par une épidémie de grippe qui a fortement touché l’Indre-et-Loire, entraînant une « situation catastrophique » aux urgences du CHRU de Tours. Du côté des pompes funèbres, les agences constatent elles aussi un pic d’activité.
« On n’est pas saturé, même si on est très haut par rapport à ce qu’on a pu connaître », partage Eric Dreneau, directeur général des Pompes funèbres intercommunales (PFI) de l’agglomération tourangelle.
« En ce moment, on a un délai de dix jours d’attente entre le décès et l’enterrement », observe-t-il. Une situation plus élevée qu’à l’accoutumée. « Sur les trois premières semaines de janvier, on a une augmentation de 20 % du nombre d’obsèques organisées en comparaison à l’année dernière », explique le directeur général.
« On a des pics d’activité en période de grippe »
Une épidémie de grippe qui vient s’ajouter à une saisonnalité où l’activité est plus importante pour les pompes funèbres à cette période de l’année. « Il y a toujours eu plus de décès en hiver. Par ailleurs, on constate également qu’en période de grippe, on a des pics d’activités », confie Eric Dreneau. Mais comment expliquer ce délai ?
« Il n’y a qu’un crématorium sur la métropole de Tours [et un autre en Indre-et-Loire à Savigny-en-Véron]. Il pourrait y en avoir un autre à Tours-nord, cela changerait la donne », estime Virginie Yvon, fondatrice de l’agence Yvon service funéraire à Saint-Cyr-sur-Loire.
Un constat que partagent les PFI, qui gèrent le crématorium situé à Esvres. « Le crématorium peut prendre en charge un certain nombre de personnes, ce qui fait que le temps d’attente peut évoluer. Au sein de la métropole de Tours, 52 % choisissent la crémation », relate Eric Dreneau.
Une situation qui ne fait qu’augmenter au fil des années. D’après les données de la Fédération française de crémation, au niveau national 42 % ont privilégié la crémation en 2023, contre 17 % en 2000. Face à ce constat, les Pompes funèbres intercommunales de Touraine admettent « réfléchir fortement à ce qu’il y en ait un autre ».
Un changement de législation
Pour Eric Dreneau, un autre facteur peut expliquer ces délais plus importants: « On a des équipes à taille limitée et une difficulté à recruter, alors que le nombre de décès ne fait qu’augmenter avec l’arrivée de la génération du baby-boom. »
En effet, les données de l’Insee montrent que 570.000 personnes sont décédées en France en 2013, et plus de 640.000 en 2023, soit une augmentation de 11 % en dix ans. « Les projections de l’Insee estiment qu’on atteindra les 800.000 décès annuels vers 2050 », indique Eric Dreneau.
Les délais d’attente des pompes funèbres ne risquent donc pas de diminuer. La législation a d’ailleurs évolué à ce sujet. « La loi a changé l’été dernier. Un décret de juillet 2024 a allongé le délai à quatorze jours maximum entre le décès et l’enterrement ou l’incinération. Avant, la loi voulait qu’on le fasse en six jours, c’était plus compliqué », explique Virginie Yvon.
« On avait souvent des dérogations de la préfecture. Ce qu’on peut toujours faire, mais on en sollicite bien plus rarement dé sormais », ajoute Eric Dreneau.
Le nombre d’opérateurs funéraires augmente lui aussi au fil des années, sans pour autant faire diminuer les délais de prise en charge parfois longs lors des épidémies.
Article : Thomas Delaunay
